C'est à Thèbes que naît Akhénaton, le fils et le seul héritier d'Aménophis III. Son père est présenté comme le dernier des grands pharaons. Sous son règne, l'Egypte dominait la Nubie et sa suprématie "était universellement admise par les souverains de Babylonie, d'Assyrie, de Mitanni et d'Alachia (dans l'extrême nord de la Syrie)." Dans le roman de Sinoué, nous voyons Keper écrire à son ami Anoukis: "Amenhotep fut indiscutablement un grand souverain, fastueux et voluptueux. As-tu oublié qu'il porta le prestige de notre pays à son apogée ?"
Aménophis III a adopté une politique basée principalement sur la paix, le commerce et l'économie. Il s'est mis à nouer des relations d'échanges avec les autres pays. S'intéressant aux routes commerciales, il a ordonné son armée de les surveiller soigneusement. Et pour fortifier les liens de l'Egypte avec l'Asie, il a instauré une politique de mariages égypto-asiatiques. Ces mariages furent particulièrement pratiqués avec le royaume du Mitanni. Mahfouz nous informe qu'Aménophis III "coulait ses derniers jours heureux en compagnie de sa nouvelle épouse, une jeune fille de l'âge de ses petits-fils prénommée Tadoukhépa, fille de Dushratta du Mitanni." Aussi Sinoué déclare-t-il que ce pharaon "se lia avec deux princesses syriennes, deux princesses babyloniennes et une d'Arzawa."
Les mariages précédents ne sont que des alliances politiques. Le pharaon s'est marié avec Tiyi. Si Mahfouz se contente de dire que c'est "une femme du peuple, issue d'une famille nubienne, et dans les veines de laquelle ne coulait pas une goutte de sang royal," c'est Sinoué qui révèle ses origines: "Le père de Tiyi s'appelait Youya […] et sa mère Touyou. Tous deux appartenaient à une élite aisée et instruite. Touyou fut la supérieure du harem d'Amon à Thèbes et occupa une position tout aussi considérable dans le Harem de la divinité Min, à Akhmîm. Quant à Youya, […] il occupa la fonction de lieutenant général de la charrerie."
Tiyi était la grande épouse royale et la favorite d'Aménophis III. C'est elle qui lui a donné deux garçons et quatre filles: Thoutmosis, Aménophis, Isis, Satamon, Nebetah et Hérouttaounébou. Mais une maladie dangereuse a frappé les deux frères, mis fin à l'aîné solide, laissant le cadet fragile survivre. "Ce fut la mort de son frère qui arracha Akhénaton des ténèbres où il se flétrissait" et lui donna la chance d'être dans la lumière et de devenir le seul héritier du trône.
Amenhotep IV s'est marié avec la belle Néfertiti, fille d'Aÿ et Tiÿ, issue d'Akhmîm, de la même famille de la reine mère. Cependant ses origines restent ambiguës et douteuses. Il est probable qu'elle soit d'origine mitannienne puisque son nom signifie "La Belle est venue." Elle lui a donné six filles, nées entre l'an IV et l'an XVII.
Pour Mahfouz, Néfertiti n'est pas étrangère; elle est égyptienne. Dans son roman, le grand prêtre d'Amon dit: "Le prince héritier épousa Néfertiti, la fille aînée de notre ami, le sage Aÿ. Loin de s'intéresser aux origines de celle-ci, le romancier égyptien a mis en relief ses fiançailles et son mariage. Invitée avec sa famille aux festivités célébrant les trente années du règne d'Amenhotep III, Néfertiti portait une longue robe transparente. Lorsqu'elle est entrée dans le palais du pharaon, elle a séduit toute l'audience, même le prince. Deux jours après, la reine mère l'a rencontrée et lui a dit: "Je t'ai choisie pour être l'épouse du prince héritier." Ainsi est-elle entrée dans la famille royale. Et par ce mariage, Néfertiti et Akhénaton sont devenus une entité indivisible.